Voyager : prendre réellement conscience de son existence

« Voyager rend modeste, on voit mieux la place minuscule que l’on occupe dans le monde » – Gustave Flaubert

-Ou comment prendre réellement conscience de son existence.

Cette citation extraite du livre Correspondance de Gustave Flaubert vibre entre nous. Au-delà de la modestie, de l’ouverture de nos œillères, de notre position, je trouve qu’elle illustre parfaitement la plus grande force du voyage. Celle qui nous transcende : nous faire prendre réellement conscience de notre existence, et surtout à quel point on est minuscule. Sur Terre, nous ne sommes rien. Face à la Terre, nous ne sommes rien. Qu’un grain de poussière dans l’Univers.

Ce n’est pas du tout péjoratif ou négatif. C’est juste à la fois moteur et apaisant. Car si nous ne sommes rien, nous n’avons rien à prouver à personne. Nous n’avons rien à perdre. Nous ne pouvons que nous dépasser. Devenir meilleur que la version de nous-mêmes d’hier. En trois temps, nous verrons le lien entre le voyage et la modestie, le rapport entre voyage, conscience et existence ; et enfin, cette place minuscule – mais pas ridicule – que nous avons à l’échelle de la planète !

Le voyage pour prendre conscience

Voyager rend modeste

Pour commencer, qu’est-ce que la modestie ? Pourquoi voyager nous rend modeste ? Et quelle différence cela fait-il pour un humain, un entrepreneur ?

La modestie se présente comme une

 « modération, une retenue dans l’appréciation de soi-même ».

Voyager rend modeste

Cette première définition est très intéressante et surprenante. En effet, alors que je pensais que cela ne concernait que le fait d’être modeste, humble par rapport à quelque chose, à une action ; cela ajoute ici la modération, la mesure et surtout la retenue.

La modération c’est le fait de s’éloigner de l’excès, de modérer, de diminuer quelque chose. Cela signifie que voyager en nous rendant modeste, nous conduit à une diminution. Et même, semblerait-il, à plus qu’une diminution. Cela incite au fait d’être mesuré, de se retenir.

C’est-à-dire s’empêcher de faire, de dire, de penser quelque chose. De se contenir.

C’est ce point justement qui me surprend et amène à la réflexion. Quel est le lien entre le voyage et cette « diminution », cette retenue ? Cette réserve, cette pudeur…

En fait, à mon sens, voyager nous rend plus « petit » au départ car nous ne sommes pas en terrain conquis. Nous ne sommes pas dans notre zone de confort, nous entre-apercevons des environnements différents, des mondes nouveaux qui nous impressionnent.

Voyager en terrain non-conquis

Voyager : prendre réellement conscience de son existence

Comme nous ne sommes pas en terrain conquis, que nous sommes des étrangers, que nous sommes face à des existences nouvelles, face à l’inconnu en permanence, nous nous rendons rapidement compte de plusieurs leçons.

  • Leçon n°1 : l’immensité du Monde est infinie
  • Leçon n°2 : notre existence n’est qu’une existence parmi tant d’autres
  • Leçon n°3 : nous ne sommes pas aussi supérieurs, aussi connaisseurs, que nous pouvions le penser
  • Leçon n°4 : le Monde sera toujours plus grand que les risques que nous prenons

Ces leçons ne nous rabaissent pas. Au contraire ! Voyager nous permet de nous apaiser, avant de nous élever et d’acquérir peu à peu de la sagesse.

Sagesse qui n’est possible, que si l’on sort de la Caverne – je te renvoie à l’allégorie de la Caverne de Platon 😉 …

Ce qu’il faut retenir de ces quatre leçons, c’est que le Monde est vaste, et nous, nous sommes si petits face à lui. Face au voyage, nous sommes tous de minuscules fourmis, des fourmis noires et des fourmis rouges, mais des fourmis quand même. Même entre nous.

Ensuite, alors que si nous restons toujours dans le même pays, la même région, nous nous reposerons toujours sur les mêmes référentiels, ce qui nous semblait si évident jusqu’ici ne l’est pas nécessairement ailleurs.  Ce n’est en rien une question d’infériorité ou de supériorité, mais juste une question de différence.

Enfin, nous retenons ici que quels que soient les risques que tu prendras, ils seront toujours relatifs face l’environnement. Relatifs face aux tempêtes, petits quant aux véritables impacts qu’a la planète bleue sur nous tous.

« Le Monde est un livre et ceux qui ne voyagent pas n’en lisent qu’une page » – St Augustin

Un Monde Vaste pour prendre conscience d’une « petite » existence

Un Monde Vaste pour une plus « petite » existence

Par ailleurs, alors que Flaubert ne présente pas dans la citation à quoi la modestie nous renvoie, dans la définition de la modestie, cela semble faire écho à une réserve, une appréciation personnelle.

Et non pas à un talent, à une action, mais à nous-même – ce qui est à la fois large et intime.

C’est-à-dire que l’individu, en tant qu’être humain, est directement impliqué dans le processus de voyager. En effet, en le rendant plus modeste, plus vulnérable aussi, le voyage rend l’Homme encore plus vivant, existant. L’entrepreneur voyageur – qui ose et s’aventure – peut réellement ainsi ouvrir les yeux, se rendre compte de sa propre condition, comprendre…

De ce fait, pourquoi voyager nous rend dans un premier temps modeste ? Pourquoi diminue-t-il notre ego et notre propre appréciation ? Pourquoi se retient-on ?

Je pense que si le lien entre « modestie » et « la retenue de l’appréciation de soi-même » est si étroit, c’est parce lorsque l’on devient modeste, quelque part on passe au-dessus de nos bonnes actions, de notre progression, et donc de nous-même.

Ce n’est pas mauvais en soi, c’est juste que l’on s’y attarde moins. Seule compte alors la prochaine étape, l’amélioration de soi, l’approfondissement.

Nous nous retenons car nous savons qu’il y a des éléments bien plus importants sur lesquels s’attarder.

Voyager : une nécessité et une révélation de l’existence

Voyager : une nécessité et une révélation de l’existence

Comme je le montre également dans cet article, voyager est un verbe puissant, qui a des influences et des répercussions bien plus grandes que le « simple » mouvement. Que le fait de bouger, de se rendre quelque part.

Lorsque l’on voyage, il y a tout un ensemble à englober : l’environnement, les rencontres, les coutumes, les paysages, les découvertes… Cela nous ouvre les yeux. Nous transforme. En « conteur d’histoires » et également en humain plus tourné vers l’essentiel. Plus humble. Plus conscient.

Cela confirme ce que je pense quant à la nécessité de voyager. De prendre la mesure de ce que l’on est, de notre environnement, de ce qui existe. Je pense que chacun devrait voyager au moins 1 fois dans sa vie :)… !

Prendre conscience de son existence

C’est cette prise de conscience qui nous fait doublement exister.

Comme le souligne Gustave Flaubert, généralement celui qui voyage ne devient pas arrogant, mais humble, sage. Au lieu de dominer le Monde, de penser généralement qu’il a tout découvert, qu’il connaît tout, le vrai voyageur veut sans cesse continuer d’explorer, repartir à l’aventure et comprendre d’autant plus les leçons que lui inculquent les différences et les différentes existences.

Prendre réellement conscience de notre existence

Prendre réellement conscience de notre existence

Prendre conscience, c’est réaliser quelque chose, ouvrir les yeux dessus, l’intégrer à sa juste mesure. Pour réaliser réellement, il faut qu’un élément différenciateur se produise. C’est comme dans tous les livres, une nouvelle histoire ne se crée qu’à partir d’un élément déclencheur.

Prendre alors réellement conscience de son existence, de soi, ne se fait pas sans quelque part devenir étranger à soi-même.

Dans cette lignée, il n’y a que peu de manières de devenir étranger à soi-même : en sortant de sa zone de confort, en devant étranger aux yeux des autres.

Minuscules à l’échelle du Monde

Minuscules à l’échelle du Monde

A présent que nous avons mieux appréhendé le fait de voyager, en quoi cela nous permet de prendre réellement conscience de notre existence, nous allons nous attacher davantage à la place minuscule que nous avons à l’échelle du Monde.

Le terme employé précisément par Flaubert, c’est « On voit ». C’est-à-dire que pour ce processus, il faut voir, avec ses propres yeux, pour se rendre compte vraiment de ce que l’on est, de ce qu’il en est.

Comme je l’ai annoncé dans l’introduction, sur Terre nous ne sommes rien. Dans le sens que non seulement la nature était là avant nous, mais qui plus est, que chaque existence n’a pas en soi plus de valeur qu’une autre. La seule chose qui nous élève un petit peu des autres existences, c’est notre âme. Par contre, entre âmes humaines, même à l’autre bout du globe, nous avons tous la même valeur. Et c’est cette idée je pense qui m’est chère et qui est chère à Flaubert.

Une place a priori minuscule

Une place a priori minuscule

Ce n’est que lorsque l’on expérimente, que nous prenons réellement conscience de l’opacité de l’existence, que tout change. C’est en partie pour cela que voyager a changé ma vie. Cela me donne à la fois envie de tout explorer et en même temps m’apaise et relativise ma vie au quotidien et sur le long terme.

Et dans ma vie – et dans la tienne – d’entrepreneur voyageur, je pense que cela peut faire toute la différence ! D’où ce cap qui fait notre valeur ajoutée.

Notre place est alors certes « minuscule » mais la grandeur de cet a priori « minuscule » c’est justement d’être à sa place.

Prêt à changer ton regard sur le Monde et ton existence ?

J’espère que cet article un peu différent t’aura plu,  inspiré et invité à une réflexion???? N’hésite pas à le partager et à me faire part de tes commentaires !

4 Commentaires

  1. Cecile

    Bravo pour ce nouvel article ???????? comme quoi le téléphone ça sert tmtc ❤️
    Ce voyage philosophique m’a beaucoup plu et je rajouterai que se rendre compte que l’on est rien ou bien peu et SAVOIR que l’on est peu de choses apporte une force… La modestie peut se transformer en fierté et c’est sans doute notamment dans le voyage que l’on fait percevoir aux autres si l’on est fourmi noire… Ou rouge.
    J’espère qu’un de ces jours tu nous parleras de tes voyages et nous fera découvrir notamment les différences majeures avec la France. Pour qq comme moi qui n’a jamais voyagé, c’est plus qu’interessant ????????

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    • Marion Geyres

      Merci Cécile, oui en effet 😉 ! Tout à fait cela apporte une grande force intérieure !! L’équilibre entre modestie et fierté est intéressant aussi… Je prends note pour parler davantage de mes voyages <3 Pour les différences c'est également un Grand sujet puisque beaucoup d'éléments sont concernés... Encore merci pour tes retours et suggestions, c'est très important pour moi !

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  2. Amandine Bertrand

    J’ai beaucoup aimé cet article et, pourtant, il me laisse un sentiment étrange. Quelque part entre le « tout-à-fait d’accord » et le « quelque chose ne va pas ». Est-ce parce que je ne suis pas certaine d’adhérer sur le fait que voyager peut être lié au fait de « s’empêcher de faire, de dire, de penser quelque chose. De se contenir. » ? J’ai l’impression, qu’au contraire, vu que le voyage permet de s’affirmer, on a plus tendance à s’enthousiasmer et, donc, à moins se contenir. À moins que ce soit du point de vue de l’écoute ? Après tout, parmi tous les apprentissages du voyage, il y a aussi l’écoute de l’autre, de l’instant et de soi. C’est d’ailleurs aussi pour ça que je suis tout de même d’accord. Le voyage permet d’apprendre à se contenir, simplement pour pouvoir réellement profiter du moment présent.
    Quoi qu’il en soit très bel article! Ca permet de se rappeler que voyager, ce n’est pas simplement bouger.

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    • Marion Geyres

      Bonjour Amandine, merci beaucoup pour ce commentaire très intéressant 🙂 Oui je pense que l’on se « contient » dans un sens que l’on prête davantage attention en effet, que l’on écoute davantage avant de parler etc. Oui le voyage apprend à profiter du moment présent et à grandir humble. Très belle réflexion et au plaisir de te relire ici. Merci encore !

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